Le doo-wop et le rockabilly occupent une place unique dans l’histoire de la musique américaine, deux genres nés de la rue, des quartiers populaires et d’une effervescence culturelle sans équivalent. Contrairement à la situation dans l’Hexagone, les États-Unis comptaient alors une myriade de télévisions locales et des dizaines de radios indépendantes dans chaque État, parfois dans chaque canton. Cette diversité médiatique offrait aux groupes débutants une visibilité considérable. Ainsi, des milliers de formations de doo-wop, souvent composées de jeunes chanteurs noirs, et de groupes de rockabilly, généralement menés par des artistes blancs, purent enregistrer un ou deux 45 tours avant de disparaître dans l’oubli.
En France, où la radio d’État dominait largement, seuls une centaine de groupes environ bénéficièrent d’une telle opportunité. Aujourd’hui, c’est tout cet univers méconnu que nous allons explorer : une galaxie de chanteurs, de quatuors vocaux, de petites formations locales dont les noms n’ont jamais franchi les frontières, ni même parfois leur propre État. Ils restent inconnus en France, et presque tout autant aux États-Unis. Grâce à une longue chasse dans les foires aux disques et les marchés spécialisés, j’ai réussi à dénicher ces 45 tours oubliés qui témoignent d’une créativité foisonnante. Ces disques modestes, tirés à quelques centaines d’exemplaires, sont les vestiges vivants d’une époque où une simple radio locale pouvait faire naître un rêve, même fugace, de célébrité musicale.


